On nous le rappelle trop souvent : nos gènes ont une influence majeure sur ce que nous sommes. Heureusement, les gènes ne déterminent pas tout, et l’on sait bien que nous sommes également le produit de notre environnement : les expériences que nous vivons, ce que nous mangeons, ou l’air que nous respirons.
Toutefois ce que nous léguons finalement à nos enfants, ce sont nos gènes, pas notre environnement. Vous pouvez donc bien manger ou boire ce que vous voulez, ça n’est pas ça qui changera le patrimoine génétique de vos enfants.
C’est ce que vous pensez ? Alors venez découvrir le monde mystérieux de l’épigénétique =)
L'épigénétique, késako ?
Peut-on soi-même influencer ses gènes ?
Concrètement, cela donne quoi ?
Les mécanismes biochimiques de l’épigénétique
Ce que l’on cherche pour expliquer les effets transgénérationnels, c’est quelque chose qui se transmette à la descendance, mais qui ne touche pas le code génétique lui-même. On parle d’épigénétique, le préfixe « épi- » en grec signifiant « au-dessus ». Il existe peut être des tas de mécanismes de ce type, mais très peu sont avérés. Parmi ceux-ci, il y a la méthylation de l’ADN.
Un groupe methyl, c’est un tout petit bloc noté CH3 et constitué simplement d’un atome de carbone et de 3 atomes d’hydrogène. Ce petit groupe peut venir se greffer sur toutes sortes de molécules, et notamment sur la cytosine, la base notée C dans le code génétique.
Dans certaines circonstances, une fois accroché à l’ADN, ce groupe méthyl peut agir comme un morceau de scotch que l’on collerait sur une bande magnétique : il empêche la lecture de l’ADN à cet endroit. Avec des groupes methyl bien placés, on peut donc empêcher la transcription d’un gène en ARN, et empêcher son expression : on parle d’extinction du gène.
La méthylation de l’ADN influe donc sur les gènes qui seront exprimés. Mais ce qui est intéressant, c’est qu’elle n’est pas prédéterminée : elle peut être influencée par notre environnement et nos expériences. Ainsi une étude a pu montrer que des vrais jumeaux (avec un ADN identique, donc) pouvaient posséder des degrés différents de méthylation, et que cette différence augmente avec l’âge.
De simples caresses ?
De simples caresses auraient-elles aussi le pouvoir d'influencer la mécanique génétique ? Les bébés rats que leur maman lèche souvent - le léchage remplissant chez le rat la même fonction que la caresse chez l'humain - sont plus calmes que les rats mal léchés. Mais Michael Meaney et son équipe sont allés beaucoup plus loin que ça: ils ont traqué l'empreinte des soins maternels jusque dans le cerveau des jeunes rats.
C'est que le léchage influence l'activité d'un gène qui prémunit les rats contre le stress. Ce gène, NRC31, produit une protéine qui contribue à diminuer la concentration d'hormones de stress dans l'organisme. Encore faut-il activer une portion bien précise de ce gène, grâce à un interrupteur épigénétique.
L'analyse des cerveaux de rats n'ayant pas reçu une ration suffisante de léchage l'a démontré : l'interrupteur lié au gène NRC31 était défectueux dans les neurones de l'hippocampe des rats. Conséquence: même en l'absence d'éléments perturbateurs, ils vivent dans un état de stress constant.
Et donc le stress, peut-il modifier nos gènes?
Pour en savoir plus :
- L’impact des émotions sur l’ADN [Nathalie Zammatteo]
- La Divine matrice [Gregg Braden]
- Un dossier de Podcast Science sur le sujet.
Sources : douglas.qc.ca, sciencetonnante.wordpress.com, missionamesoeur.fr, topsante.com