S’agripper à quelque chose qui nous empêche d’avancer, c’est comme ramer pour prendre le large sans avoir détaché le bateau.
Il "faut" « lâcher prise » ou «prendre du recul », cela peut laisser entendre que, en appliquant des règles, des « méthodes », nous pourrions atteindre le lâcher-prise une fois pour toutes et que, ensuite, nous serions définitivement prémunis contre la souffrance. Or, ce n’est pas vrai...
Nous pouvons bien tenter de tout changer dans notre vie, cela ne la modifiera pas dans ce qu’elle est intrinsèquement : ce mouvement perpétuel de hauts et de bas.
Prendre de la hauteur est préférable au simple "recul", car cela permet de vraiment modifier notre perception de l'événement afin de transformer nos réactions et automatismes et ainsi d'intégrer peu à peu de nouveaux comportements.
On évoque souvent la nécessité de prendre du recul. Il est vrai que prendre du recul, et donc de la distance, par rapport à un événement est souvent indispensable mais pas toujours suffisant.
Pourquoi ? Tout simplement parce que si ce recul permet de mieux analyser la situation, de faire le point, il ne permet pas fondamentalement de changer de perception. Il devient
alors nécessaire de prendre plutôt de la hauteur afin de modifier totalement le point de vue au sens premier du terme et du coup de prendre en compte l'ensemble de la situation.
Oui, mais comment faire?
Il est préférable de s'y entrainer d'abord après l'événement afin de revoir sous un angle nouveau ce qui s'est passé. Lors d'un moment de calme et de tranquillité, repassez-vous la scène dans votre tête : commencez par prendre quelques respirations profondes puis revoyez le lieu, les protagonistes, entendez les paroles prononcées par les uns et les autres.
En même temps que ce film se déroule dans votre esprit, faites l'effort d'analyser vos ressentis à ce moment là et vos réactions. Pourquoi avez-vous dit telle ou telle chose, quelle émotion a été provoquée et a ainsi entrainé votre réaction, etc.....
Si vous le pouvez, tentez de modifier mentalement la scène en faisant dire et faire à votre "personnage" les paroles et les comportements que vous auriez préféré avoir.
Terminez ce moment d'introspection en vous félicitant d'avoir fait de votre mieux à ce moment là et en vous remerciant sincèrement.
Avec un peu de pratique, vous verrez que vous serez en mesure de véritablement vous dissocier afin de vous voir agir et donc devenir capable de répondre différemment. En prenant cette habitude vous verrez que progressivement vos modes de comportement vont changer que vous serez de moins en moins dans la réaction et de plus en plus dans la réponse fruit d'une émotion passée au filtre du raisonnement.
Autres pistes...
- Méditer, laisser passer les pensées, agréables ou douloureuses, sans jugement, pendant quelques instants, chaque jour.
- En portant l’attention sur le présent. Plus nous regrettons, moins nous pouvons être actifs. Nous avons tous, en nous, cette capacité à vivre le présent, il suffit de regarder un enfant pour nous en convaincre : il est « là ». Adulte, nous avons perdu cette aptitude, la méditation aide à la retrouver.
- Lorsque nous réalisons que nous ne pouvons changer ni les événements ni les autres et que nous pouvons seulement changer notre façon de les percevoir, nous prenons de la
hauteur, nous "lâchons prise". Dans tous les événements qui nous arrivent, il est important de faire la différence entre ce que nous pouvons contrôler, ce que nous pouvons influencer et
ce que nous ne pouvons ni contrôler, ni influencer. Faire une distinction entre les trois est sans doute le premier pas à faire en ce sens.
- Penser de façon obsessionnelle à un problème est la plupart du temps complètement inefficace et ne le règle surtout pas. On appelle cela de la résistance. Au contraire, s’en détacher provisoirement peut permettre à notre cerveau de faire émerger certaines solutions et surtout de laisser la place à l’originalité et la créativité.
Au final, cela nous permet :
- De faire le deuil de certains événements passés que nous ne pouvons pas changer en acceptant les erreurs passées et en tirant les leçons nécessaires de nos actes, sans nous appesantir en regrets, remords, ou récriminations.
- De gérer plus facilement nos émotions : peur, stress, angoisse, nervosité, fatigue, colère, jalousie...
- D'être mieux dans notre tête et, par conséquent, mieux dans notre corps, en limitant les maladies psychosomatiques qui surgissent de nos émotions perturbatrices.
Je terminerais sur ce magnifique poème d'Alain David :