Dans la dernière partie de sa conférence, Isabelle Filliozat nous donnait quelques exemples d’outils, pour les parents souhaitant offrir à leur enfant une éducation bienveillante.
Nous vous proposons dans cet articles de continuer à recenser ces outils de Parentalité Positive et Bienveillante !
Et c’est à travers l’email (incroyablement riche en bons conseils) qu’une maman a posté sur la liste parents conscients, que nous allons découvrir ensemble 14 outils… que vous pourrez facilement mettre en place chez vous ! (Chaque outil est bien entendu agrémenté de nos commentaires ;-))
1- Commencer par s’occuper de soi
Pour rester connecté à ses enfants, voilà ce qui marche pour moi (dans l’ordre et en partant de la base):
- Être reposée. C’est-à-dire dormir suffisamment et bien. Ça veut dire aussi que parfois je fais des siestes, tant pis pour le ménage!
- Bien m’alimenter. Ne pas sauter le petit-déj’ par exemple ou « oublier de manger ». Hypoglycémiée, je deviens imbuvable!!! J’ai toujours une barre de céréales dans mon sac… Trop de café ne me réussit pas non plus. Je veille aussi au manque de magnésium, essentiel pour la santé nerveuse.
- M’oxygéner. Si je ne bouge pas assez, si on reste trop à l’intérieur, je risque plus de « péter un plomb ». J’ai recommencé à faire du yoga avec les enfants le matin et c’est génial. Ça me détend et eux aussi.
- Remplir mes réservoirs d’énergie, me ressourcer, me recentrer, faire des trucs qui me plaisent (surfer, écrire, parler à une copine, prendre un bain chaud relaxant, lire…) Certains ont besoin de faire du sport ou de pleurer un bon coup… de méditer ou de s’affaler devant la télé… chacun son truc.
On pourrait aussi ajouter : remplir son propre réservoir affectif. C’est flagrant chez nous (et peut être chez vous aussi) : en tant que parents, nous donnons beaucoup d’affection à nos enfants (qui nous le rendent bien généralement)… mais nous avons besoin d’en recevoir aussi de la part de notre conjoint… cela participe à notre bien-être et enclenche une “spirale positive”. A l’inverse, le manque d’attention, d’affection, de câlins de la part du conjoint, entraine souvent un cercle vicieux : »je suis aigri, (car en manque d’attention / de reconnaissance), j’en deviens désagréable avec les enfants (souvent, on se « venge » sur nos enfants, de notre colère envers le conjoint)… qui me rendent la pareille, etc. »
2- Être à l’écoute des besoins
Après, j’essaie d’écouter mes enfants et d’honorer leurs demandes. J’essaie (je fais ce que je peux, mais je progresse) de voir pourquoi ils sont « demandants »/ »lourds ». Ont-ils eu leur dose de sommeil ? Sont-ils assez nourris? Se sont-ils assez dépensés? Ont-ils eu assez de contacts physiques? D’interaction? De câlins? Les ai-je écoutés suffisamment? Ont-ils été TROP stimulés? Est-ce qu’ils sont dans leur « rythme » ou « déphasés »? […]
J’ai demandé à ma fille de me dire quand je parle trop fort ou qu’elle a peur de moi. Je l’ai « autorisée » à me dire « stop! » Je lui ai demandé aussi qu’elle me dise elle aussi clairement ce qu’elle veut pour que je puisse changer la situation. Exemple » si je suis trop longtemps sur mon ordinateur ou au téléphone, maintenant elle me dit « maman, je voudrais que tu arrêtes et que tu viennes avec moi » ou « je veux pas que tu téléphones, je suis toute seule ». Je prends ses souhaits en considération, je m’organise pour être avec elle. Depuis, elle a arrêté de me sauter sur le dos ou de s’accrocher à mes jambes ou de faire du bruit exprès pour attirer mon attention. Elle dit aussi « maman, crie pas à tes enfants, ça fait triste à tout le monde. » Hum… Hier j’ai été un peu rude avec mon fils qui était dans mes pattes et elle m’a reprise en disant « maman, doucement, dis à S.: « S. , je voudrais que tu ailles là-bas, je veux passer… »
Chez nous c’est un peu pareil, Lou (bientôt 3 ans et demi) supporte de moins en moins les cris (qui sont d’ailleurs de moins en moins fréquents). Lorsque nous nous emportons (ce qui nous arrive tout de même, comme à tout le monde), elle reprend nos mots : « Papa, ça ne sert à rien de crier ! » ou « Maman, on ne s’énerve pas sur les enfants, ça nous rend triste »… Ya pas photo ! Ca donne une belle claque et nous calme rapidement ! Ça nous fait aussi réaliser que nous sommes sur la bonne voix : la communication non violente sera bien une « langue maternelle » pour nos 3 enfants.
3- Être conscient des étapes et du processus de développement de votre enfant
Quand ma fille (3 ans), qui sait très bien mettre ses chaussures ou aller aux WC seule, réclame mon aide, j’accepte sa demande, car je sais que cette phase de « régression » est le signe de l’arrivée imminente d’une nouvelle étape de son développement. Là, par exemple, elle vient d’apprendre à coordonner ses mouvements pour se donner de l’élan toute seule sur la balançoire et a appris a manier des ciseaux
Connaitre les étapes du développement de l’enfant vous permettra d’adapter vos réactions, vos exigences et votre autorité aux besoins et aux compétences de votre enfant, en fonction de son âge !
4- prendre conscience de vos priorités
Quand il y a des situations difficiles, de plus en plus souvent, je me force à ARRETER ce que je fais. Je me dis qu’il n’y a RIEN de plus important que la relation avec mes enfants. Ils sont en devenir et TOUT compte! Je n’y arrive pas toujours… Parfois, mes priorités changent, mais ça devrait arriver le moins souvent possible. C’est vraiment POSSIBLE de changer sur ce point! Par exemple, pendant un coup de téléphone, on peut dire « je vous rappelle plus tard » ou si on a des trucs sur le feu, éteindre! … Si on a une crise à gérer et que ça va nous mettre en retard… eh ben, on sera en retard…
Une vidéo qui illustre bien cet outil : http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=Ob4FusOpHUo
Une autre chose importante : quand vous êtes avec vos enfants, soyez-le à 100% !
5- Accepter de prendre sa part de responsabilité
(quand on n’a pas respecté le rythme ou les besoins de son enfant, quand on n’a pas respecté l’outil N° 1 de cette liste !)
Tiens, récemment, on avait un rendez-vous avec notre groupe de jeu et on avait invité une thérapeute pour parler justement des difficultés avec les enfants. Il y avait là des femmes avec lesquelles j’avais eu pas mal d’échanges « virtuels » sur le net et j’étais très contente de pouvoir faire leur connaissance. Et bien ma fille n’était pas dans son meilleur jour et j’ai été obligée à plusieurs reprises de quitter la salle pour m’occuper d’elle assez longuement. Le pire c’est que son petit frère (1 an 1/2) nous suivait partout et était jaloux… Ça a été très dur pour moi, ça m’a beaucoup frustrée. Le groupe était sympa, les enfants étaient chouettes, j’avais organisé un pique-nique à l’arboretum voisin pour après… J’ai dû en faire mon deuil et partir avant la fin… J’ai eu du ressentiment sur le coup… Mais je suis restée calme et j’ai chialé en silence avant de démarrer la voiture… Ça a été un moment très dur, mais j’avais aussi ma part de responsabilité, car j’étais fatiguée, et puis c’était l’heure de leur sieste, il y avait beaucoup de gens nouveaux, de bruit… Elle s’est endormie sur le chemin de la maison, a fait une sieste de 3 heures et demie et s’est réveillée fraîche et charmante. Depuis, elle n’a plus été aussi « lourde »… C’était sûrement le point culminant… Après cela, le soufflé est retombé… Dommage pour moi que ce soit arrivé ce jour-là, mais je ne peux pas lui en vouloir.
Avec Lou, nous avons rapidement compris qu’il NE FALLAIT PAS lui faire rater sa sieste… au risque de passer une très mauvaise seconde partie de journée. Nous avons manqué des invitations chez des amis, nous avons retardé des tâches pourtant urgentes, etc., mais nous l’avons fait de bon cœur, car 1- Lou avait besoin de ce temps de sommeil pour se régénérer et 2- nous préférions ces sacrifices plutôt que le stress d’un après-midi de « Lou la terrible qui peut vous faire « péter les plombs » en moins de 5 minutes » !
6- aider l’enfant à se décharger de ses émotions intenses
J’ai sûrement déjà raconté sur cette liste l’épisode du magasin et de la crise de pleurs. En résumé, elle avait fait le cirque et s’était couchée très tard la veille. Mon mari voulait que je l’empêche de faire la sieste la journée. Classique. Mais c’est vraiment une très mauvaise idée . Apprendre comment fonctionnent les mécanismes du sommeil aide beaucoup quand on est parent . J’aime bien le livre d’Elizabeth Pantley « Un sommeil paisible et sans pleurs »… Mais… il fallait que j’essaie, au moins pour la démonstration… Donc, je bourre la journée d’activités… Pas de chance, exténuée, elle s’endort sur le chemin du magasin, je la transpose dans la poussette, elle se réveille en pleurant et se focalise sur une grosse peluche qu’elle avait vue et qu’elle voulait… LA crise de toutes les crises!!! Je devais échanger un article… Impossible!!! Je retourne à la voiture, impossible de l’asseoir, elle se débattait, criait, elle était dans comme dans un état second. Moi j’étais bien vannée aussi et là, j’ai vu comme 2 options devant moi: A) montrer la supériorité de mes besoins (en finir en employant la force et partir à la maison rapidos en essayant d’ignorer cet enfant hurlant a l’arrière… hummm..) ou alors B) accepter, attendre, l’accompagner, ne pas aller au conflit. Je nous ai tous enfermés dans la voiture et j’ai attendu qu’elle se décharge… Ma patience a été mise à rude, rude épreuve, ça a duré TRÈS longtemps, elle ne se laissait même pas toucher, ce que j’ai respecté… Au bout d’un moment, je lui ai proposé de venir pleurer dans mes bras et là, elle a eu un soupir et m’a dit « oui » comme si elle avait attendu cela depuis des lustres…. Elle est restée blottie très longtemps. Ça m’a donné une sacrée leçon.
Il y a eu d’autres épisodes comme ça où elle était très, très « plantée » et où je lui ai proposé de venir dans mes bras se débarrasser de sa frustration/tristesse. Ça marche très bien, ça la sécurise et moi je ne me perds plus dans ma violence…
Rajoutons qu’il ne sert à rien, dans ces moments la, de tenter de « consoler » l’enfant. Vous ne feriez qu’enfermer en lui des émotions qui au contraire ont besoin de sortir. Laissez-le exprimer sa douleur et sa souffrance avec un « pleur mon fils, ça fait du bien » plutôt qu’un « chut, ce n’est pas grave, ne pleure pas, c’est fini, etc.). Chez nous, il arrive même que nous fassions une séance de « cris collectifs » : quand un des 3 loustics est particulièrement énervé ou en colère, pour décharger les tensions (de tout le monde), nous nous donnons 10 secondes pour crier de toutes nos forces… Les enfants adorent (forcement) et sincèrement ça fait beaucoup de bien !! (à ne pas faire en public of course).
7- Être conscient du “don d’imitation” qu’ont nos enfants pour… agir en modèle
Quand il m’arrive de crier, de prendre un ton sec, de les engueuler, claquer les portes, taper du pied, jeter des objets (là non plus… pas fière), je me sens très triste, coupable et nulle. Et eux, ça les effraie, ça les traumatise. Le pire, c’est que ce comportement-là, ils le reproduisent quasi illico !!! … Ce qui m’exaspère, évidemment, et alimente le cercle vicieux En plus, ça ne sert à rien du tout, car leur détresse augmente!!!! Et ils vont me coller encore plus aux basques pour avoir leur dose, qui du coup a augmenté!!!!! :((((((
Si vous ne les avez (toujours pas) vues… regardez ces 2 vidéos qui illustrent bien ce don : « Children see, children do » et la campagne « l’exemple c’est nous ».
8- apprendre à s’excuser, pour se reconnecter à l’enfant
Si je m’emporte, c’est que je suis frustrée. C’est que je n’ai pas adopté les bons comportements… Je m’excuse toujours auprès d’eux, je les prends dans les bras. S’ils sont d’accord, on fait un « big family hug ». Un vrai. Pas un juste pour la forme à la manière du « on fait la paix » forcé de mon enfance
Sachez utiliser votre « deuxième chance » : http://www.youtube.com/watch?v=-NYJXGEyK5o&feature=player_embedded
9- Utiliser la langue des signes
J’utilise la langue des signes (mes enfants ne sont pas malentendants, mais c’est un formidable outil). Ça a aussi l’avantage de baisser le niveau de décibels ou de pouvoir communiquer à distance ou dans le brouhaha. J’aime bien les signes de « angry » et de « mad » par exemple, très expressifs. Si je veux qu’ils s’en servent, il faut que JE montre l’exemple.
[…]
La langue des signes. Ça leur permet de communiquer leurs sensations, besoins, émotions quand ils ne maîtrisent pas la parole. Les muscles des bras, des mains sont bien plus faciles à maîtriser que ceux de la bouche mon fils réclame des câlins comme ça dernièrement ou bien il me dit quand il veut téter pour s’endormir ou bien encore quand il s’est fait mal…
Nous n’avons pas pratiqué la langue des signes avec nos enfants… et nous le regrettons, car c’est un extraordinaire moyen de communiquer avec eux. Pour le scoop : une Fiche Outil « Le langage des signes avec les enfants » est prévu…
10 – Utiliser le Message « JE »
Je ne dis plus « tu m’énerves! » , « tu es pénible/lourd/chiant » mais « c’est trop pour moi/ j’y arrive pas/ je suis dépassée/ je suis énervée/en colère/sensible au bruit/ je n’ai pas assez dormi » …