« L’idée est un arrêt de la pensée »
Henri Bergson
Face à l’intense activité du cerveau, la pensée a tendance à se disperser. Ainsi nous sommes constamment occupés à capter des idées, à évoquer des souvenirs, à faire des comparaisons, des associations, etc. Tout cela de manière inconsciente.
Le cerveau choisi « tout seul » les informations qui vont être considérées importantes et qui sont, donc, à traiter et à garder, et celles qui vont être rejetées. Une telle activité mentale non focalisée fait que, dans la plupart des cas, nous sommes envahis par une multitude d’informations extérieures et déconnectées de nous. Nous devenons des penseurs passifs, incapables de guider notre réflexion.
Sur cela, l’historien et philosophe Mircea Eliade dit : « sous les apparences de la pensée, se cache, en fait, un scintillement indéfini et incontrôlé, alimenté par des sentiments, des mots et de la mémoire. »
En effet, notre cerveau est un instrument magique, capable d’accomplir, à l’insu de notre conscience, 90% de tout ce que nous faisons, que nous soyons éveillés ou non. Presque toute notre vie mentale est un mélange des processus conscients et inconscients qui se consolident mutuellement, notamment lorsque la motivation entre en jeu. Le « cerveau conscient » utilise beaucoup plus d’énergie et est plus lent que le « cerveau inconscient » ou automatique. Pour cette raison, le cerveau fonctionne la plupart du temps en évitant, dès que possible, d’utiliser sa partie consciente pour s’épargner de l’énergie et pour agir plus vite. Ainsi, même si on se croit très rationnel, notre comportement et nos décisions sont plutôt guidés par notre inconscient.
Est-ce qu’on est capable d’agir sur cette partie inconsciente ? Est-ce qu’il y a un intérêt quelconque à arrêter consciemment ce tourbillon de pensées qui nous guident malgré nous ?
Actuellement, nombreuses sont les études comportementales, en électrographie et en neuro-imagerie, qui montrent l’importance de la recherche sur les états de méditation. La méditation est un état de supra-conscience, obtenu par la suppression de l’instabilité de la conscience, c’est-à-dire, par l’arrêt de la pensée ou des dispersions mentales. Selon cette définition érudite, le terme ‘méditation’, qui en occident signifie « action de réfléchir, de penser profondément à un sujet, à la réalisation de quelque chose » (Larousse), n’est pas tout à fait correct, mais comme il a été universellement accepté, nous n’allons pas l’exclure.
Ces études permettent en effet de mieux comprendre le processus cognitif et la neuro-plasticité émotionnelle, ainsi que le processus attentionnel et la conscience de soi. De plus en plus de travaux scientifiques examinent les effets de la méditation sur le cerveau, les émotions et le corps physique dans son ensemble. Ces travaux montrent que l’état de conscience méditatif contribue à restructurer la perception, ce qui induit des changements importants dans le lobe frontal et ses fonctions cognitives.
Ainsi, la méditation aboutit, entre autres, à une augmentation des perceptions et à un renforcement des processus cognitifs et attentionnels. Il a été démontré que l’état méditatif se caractérisait par une augmentation de la puissance des ondes cérébrales de type thêta, notamment au niveau du lobe frontal. Cette augmentation de l’activité thêta signifie une augmentation de l’activité au niveau de la cognition et de la conscience. Par ailleurs, on a aussi relevé, dans certains contextes une augmentation de l’activité alpha de la partie postérieure du cerveau, normalement liée à un état d’attention interne.
Ces diverses informations nous permettent de comprendre ce qui, lors de la méditation, se produit au niveau du cerveau et de la conscience, dans leur conception neurobiologique. Toutefois, ce qui intervient au-delà du processus mental, c’est-à-dire au niveau de l’intuition, reste pour le moment empirique : bien que ses effets soient incontestables, les mécanismes de l’intuition dépassent ce que notre savoir neurobiologique est capable d’appréhender aujourd’hui.
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